Parce qu’elle est unique et exceptionnelle. Parce que son livre, Une Vie, est une véritable leçon d’humilité ; d’Histoire et de politique aussi, de vie tout simplement. Parce que les mots sont choisis et résonnent de façon magistrale.
De son « enfance niçoise » à sa déportation, on découvre tout l’amour qu’elle éprouvait et éprouve encore pour sa famille, pour la vie et pour la culture. Déjà se trace doucement, au fil de la plume, une personnalité singulière et visionnaire dès l’enfance. D’elle, Simone Veil dit ici beaucoup à travers le « je » qui caractérise le genre de l’autobiographie, mais dévoile peu, par cette pudeur qui lui est coutumière. C’est là, la force même du livre qui chamboule par sa précision et sa vérité, mais sa sobriété aussi.
De la déportation, elle dira l’horreur et la dureté, à travers aussi tout l’amour qu’elle portait à sa mère, Yvonne Steinmetz. L’horreur nazie s’incarne et trouve un visage, un corps, une âme.
Quand elle sort de cet « enfer » après être tombée dans « la nasse » et cherche à « revivre », le lecteur découvre peu à peu la rage et la tristesse contenues qui ne l’empêchent pas d’avancer. Petit à petit, la vie va reprendre ses droits et s’ouvrira le chemin qui fit de cette femme une des figures politique et humaine les plus marquantes du vingtième siècle.
Simone Veil emmène donc son lecteur à travers sa quête de savoirs et sa quête de vie, en dressant les portraits sobres mais sans concessions des gens qu’elle a côtoyés. En somme, tout au long de son livre, c’est le chemin de l’Histoire qu’elle parcourt. L’histoire de la Seconde Guerre mondiale d’abord, l’histoire de France encore assez récente ensuite, avec le récit de son mandat de ministre de la santé du Président Giscard d’Estaing, de l’histoire Européenne en plus, par les forces acharnées qu’elle a déployées et le rôle qu’elle a joué dans la construction de l’Union Européenne. Cette femme d’exception mettra enfin une fois de plus ses principes au service de la vie politique française, avant de poser un regard un peu plus distancié sur le monde tel qu’il est aujourd’hui (le livre a été écrit en 2007, elle allait alors fêter en famille ses quatre-vingts printemps, comme elle nous le confie à la fin de l’ouvrage).
On ne peut sortir indemne d’une telle lecture que je considère comme indispensable à bien des égards, pour le témoignage et pour les leçons humaines qu’elle procure.
Merci, Madame Veil.
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