Tout juste sortie de deux lectures magistrales de cette rentrée littéraire 2017. La première, superbe roman attendu de Gaëlle Nohant, mêlant Histoire et fiction grâce à un personnage qui est la définition même de l’engagement, me nourrie intellectuellement. La seconde, premier roman réussi et surprenant de François-Régis de Guenyveau, me touche profondément par la justesse des questionnements que l’on y retrouve, le fait d’avoir l’impression de me comprendre et de me découvrir, à travers les failles du personnage si torturé de Christian.
Comment ne pas se sentir bousculée, quand on se retrouve à s’interroger sur ses propres croyances, sa propre vision du monde en perpétuelle évolution, sa propre façon de fonctionner ? Mais aussi sur ses envies, ses rêves… De la fameuse question : « Qu’aurions-nous fait à leur place ? » Mais que faisons-nous maintenant ?
Quand l’Histoire, le devoir de mémoire, la force de l’engagement – humain comme intellectuel – le combat pour la liberté mais aussi l’éthique, l’importance de la vie humaine, de la science comme de la connaissance, qui ne doivent pas faire oublier son respect… Quand tout cela se retrouve cristallisé par les mots dans toute leur beauté à travers deux romans lus successivement, impossible de ne pas être bouleversée. « L’homme est un loup pour l’Homme. » Cette phrase de Thomas Hobbes pourrait être la connexion, le lien, le chaînon qui relie ces deux livres…
La plume poétique de Gaëlle Nohant et la lucidité dans les mots clairs de François-Régis de Guenyveau n’ont, littérairement, rien à voir l’un avec l’autre.
Ne voyez pas ici un jugement de valeur sur la qualité intrinsèque de ces deux romans qui m’ont simplement touchée quasiment en même temps malgré leurs différences ; j’ai donc tracé un lien sur la nature du questionnement qu’ils ont suscité en moi. Ces deux auteurs, bien que publié dans des maisons différentes, ont un grand talent : celui, tout en maniant la langue avec raffinement et clairvoyance, de nous faire nous interroger sur notre nature profonde. Sur la place de l’art dans nos vies. Sur ce que nous voulons, sut le monde que nous voulons laisser à nos enfants… Ceci en nous ramenant à de grands textes fondateurs, du surréalisme poétique à la philosophie scientifique et éthique.
Au fond, n’est-ce pas là la définition même, comme la nécessité de la littérature dans une vie : nous ramener à l’essentiel, à nous-même, à notre compréhension intime, en nous poussant toujours, vers la grandeur de l’Autre et du Monde ?
Pour toutes ces raisons, la lecture de ces deux pépites est indispensable, et j’y reviendrai très bientôt dans deux vidéos. Un grand merci aux Éditions Héloïse d’Ormesson et Albin Michel pour les services de presse.
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