C’est un livre que j’ai d’abord découvert au hasard d’un lieu et d’une conversation. Un attaché de presse discute avec un journaliste, tandis que je ferme consciencieusement une enveloppe après l’autre en laissant vagabonder mon esprit, quand soudain, mes pensées s’arrêtent, à l’entente de ces quelques mots :

« Ce roman est absolument merveilleux. » Il ne faut pas plus que cette phrase en plus d’une discussion avec une collègue qui l’a lu aussi – « ça parle de musique… » – pour que je me saisisse de l’objet d’abord pour le découvrir, puis succomber à la tentation de sa quatrième de couverture :

« L’été de ses dix-huit ans, un jeune pianiste reconnaît une chanson que diffuse un autoradio. Il se met à chanter.

Une voix monte, des orages éclatent. »

 Effectivement, dès la lecture des premières lignes, l’on se sent happé par cette atmosphère patiemment tracée au fil des mots et des pages. À mon bureau, je lis trente ou trente-cinq pages d’affilée. Plus rien n’existe autour de moi que ce jeune homme amoureux de son instrument. Les scènes de leçons de musique se dessinent en moi et éveillent de beaux souvenirs.

Mais le temps passe et j’abandonne à regret les pages incrustées et douces, telles les touches blanches et noires du piano de ce personnage qui, je le sais déjà, va me marquer.

 Deux jours plus tard, tandis que la semaine se termine et que je me prépare à monter dans un train, j’embarque fébrilement ce livre avec la ferme intention de le finir. Une fois à la gare, dans le vent et la foule, je suis en avance ; je me pose donc sur un banc pour continuer cette belle découverte, interrompue seulement par le trajet jusqu’à la place qui m’est assignée dans le train qui me ramènera vers mes racines. Au fil de cette courte traversée durant laquelle le sujet du livre ne quitte pas mon esprit – Gil vient de vivre la révélation qui changera le cours de sa vie : il sera chanteur – un morceau de musique se joue dans ma tête. Plusieurs en fait ; les gares ont des pianos et un ou une pianiste inconnu(e) vers le ou laquelle je ne me retourne même pas, joue un morceau qui me ramène des années en arrière. Ce livre, en cet instant, me ramène décidément inlassablement par son sujet et toute l’atmosphère du lieu dans lequel je me trouve, à deux personnes bien particulières… Mais c’est une autre histoire ; même si cela bien sûr ajoute pour moi au charme magique de l’écriture de Célia Houdart.

 Je suis assise dans le train. Casque d’ IPod sur les oreilles, que j’ai programmé pour diffuser en boucle un même morceau durant l’heure et demie de voyage qui m’attend. Ce morceau qui chantait tout à l’heure dans ma tête : la « Rhapsodie d’August », extraite de la bande originale du film August Rush, composée par Mark Mancina – le sujet du film colle parfaitement au roman que je dévore et fera l’objet d’une prochaine chronique.

 Je suis donc le parcours initiatique de ce jeune homme à travers l’écriture ciselée, douce et juste de celle qui l’a inventé. Les sensations décrites au cours des leçons et des représentations chantées correspondent exactement à mes souvenirs de jeune choriste ; il me suffit de fermer les yeux pour les éprouver à nouveau moi-même, au fil de la lecture. C’est là toute la magie de ce livre.

Livre qui est un véritable voyage musical et introspectif dans lequel se cache aussi une part d’ombre, mais qui permet à chacun, je crois, de voir en lui. Célia Houdart nous offre ici une écriture simple et ciselée, qui touche à la délicatesse absolue de l’art (musical, mais pas que…) Un vrai régal.

Et pour vous faire patienter jusqu’à ma chronique sur le magnifique film dont j’ai parlé ici, voici en bonus la vidéo du morceau qui a bercé ma lecture =) 

August’s Rhapsody

Un autre roman musical merveilleux

 

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