couverture du livre

Entre le noir et l’espoir de la couleur, ce livre donne à réfléchir…

 Des histoires de femmes, des destins exceptionnels, l’exposition à la fois métaphorique et réelle de la condition de la femme dans un pays d’Orient, c’est tout cela et bien plus encore que l’on retrouve dans La Perle et la coquille de Nadia Hashimi, publié chez Milady.

De la poésie et une langue qui sert le réel ; une modernité et une vérité ; une réflexion profonde sur ce que peut ou pas une société, sur le courage qu’il faut pour prendre sa vie en main…

 

Trois destins de femmes trois générations différentes, trois prénoms liés par la destinée, le naseeb.

C’est d’abord Rahima ; son histoire commence en 2007. Elle est au milieu d’une fratrie de cinq filles et puisqu’Allah n’a pas voulu donner de fils à cette famille, sa mère en fera une Basha Posh. Une fille transformée en garçon. Rahima devient Rahim, le centre de la famille, la fierté de son père, malgré la dure vie de ses sœurs. Car l’apparition de Rahim au sein de cette fratrie ne change en rien le destin de filles de Shala, Parwin, Rohila et Sitara ; cela va même les précipiter vers une destinée qu’elles n’avaient ni prévue, ni anticipée. Suite à une dispute avec sa mère, Rahim redevient Rahima, et est promise en mariage en même temps que Parwin et Shala. C’est à partir de là que les choses vont changer.

Parallèlement, le lecteur découvre en même temps que les cinq jeunes sœurs l’histoire de Shekiba, leur ancêtre qui réussi à extraire la perle de sa coquille au prix d’une vie mouvementée mais riche. Ce destin leur est conté par Khala Shaima, la sœur de leur mère, la figure protectrice, le guide spirituel de Rahima tout au long de sa vie.

Ce conte familial est absolument passionnant et nécessaire, plein de poésie, mais aussi plein de la violence qui entoure ces destins féminins. C’est une plongée dans l’Orient dont toute lectrice occidentale ressort en chérissant la chance qu’elle a d’être née dans une société qui lui permet d’avoir plus de liberté.

 

 

– Tu ne comprends pas, dit-elle pour la deuxième fois.

– Non, je ne comprends pas qu’on puisse commettre un acte aussi stupide !

– C’est impossible à comprendre si l’on n’a jamais connu l’amour, murmura Benafsha.

Elle ferma alors les yeux et se mit à réciter des vers que Shekib n’avait jamais entendus auparavant. Des mots qui s’imprimèrent en elle et se mirent à tournoyer dans sa tête, trouvant chaque fois un écho différent.

 

Il y a un baiser que l’on désire de tout son être,

La caresse de l’âme sur le corps

L’eau de mer supplie la perle de briser sa coquille.

Et le lys, avec quelle passion il réclame quelque fol

Amour !

La nuit, j’ouvre ma fenêtre et demande à la lune de

me rejoindre

Et d’appuyer son visage contre le mien.

De respirer en moi.

Ces vers mélancoliques lui fendirent le cœur. Elle ne connaissait rien à ce genre d’amour. Elle ne savait rien non plus des perles ou des coquilles sauf que les unes devaient se libérer des autres. Les deux femmes étaient étrangement calmes. Benafsha parce qu’elle avait vécu l’amour, et Shekib parce qu’elle ne l’avait jamais connu.

Les heures s’écoulèrent lentement.

Les personnages de ce livre sont tous d’une grande profondeur et la construction du récit, alternance des chapitres du destin de Rahima et ses soeurs d’un côté, de celui de Shekiba de l’autre, nous permet de plonger dans deux périodes distinctes de l’histoire de ce pays, et de voir naître doucement les évolutions et les reculades des mentalités sur la place à accorder aux femmes dans la société. Un livre passionnant et une lecture au combien nécessaire !

Nadia Hashimi vit aux États-Unis où elle exerce le métier de pédiatre, parallèlement à sa carrière littéraire.

Ce que je peux dire avec certitude, c’est que j’ai vraiment hâte de lire son prochain roman !

 

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